Définition
Territorialité
Sack définit la territorialité « comme la tentative d’influencer ou de contrôler les actions, les interactions ou l’accès sur une zone géographique spécifique. » (Sack, 1983)
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De son côté, Malmberg offre une définition plus existentielle. Selon lui, la territorialité exprime les différentes relations qu’un individu ou un groupe entretient face à un territoire que ce soit en termes d’appropriation, d’affirmation, de régulation, de hiérarchisation, d’organisation, d’identification ou de protection. La territorialité permet donc de satisfaire les besoins psychologiques de base en matière d’identité, d’intimité et de sécurité d’un individu ou d’un groupe. Ce phénomène motive et donne de l’espoir à l’individu pour une liberté et un droit sur son avenir ce qui contribue à une société solide et en santé. (Malmberg, 1980)
Territoire autochtone
Dans les traditions autochtones, le territoire occupe une grande importance. Le lien et le sentiment d’appartenance au territoire sont particulièrement importants dans la mesure où ils constituent le fondement des systèmes de croyance, de l'identité, des connaissances et des moyens de subsistance. Dans de nombreuses cultures, la nature est considérée comme un être sensible capable de recevoir, de collaborer ou de nuire. Cette proximité avec le territoire favorise la résilience face aux changements et développe une responsabilisation face à la protection de celui-ci.
Le territoire est aussi source de bien-être et de guérison pour la communauté, car les gens y vont pour se ressourcer et relâcher leur stress. Le territoire permet aussi un mode de vie traditionnel basé sur la chasse, la pêche et la cueillette des baies.
Dans une étude faite auprès de la communauté inuit de Rigolet au Labrador, un répondant exprime que les gens ne sont pas uniquement originaires d’un lieu, mais ils font aussi partie du lieu. Leur identité, leur bien-être, leurs moyens de subsistance, leurs histoires et leurs liens émotifs et spirituels émergent du territoire sur lequel ils vivent. (Cunsolo Willox et al., 2012)
Traditionnellement, les iñupiat occupent le territoire différemment en fonction des saisons. Durant la saison hivernale, ils s'installent à l'intérieur des terres, tandis qu'à l'arrivée du printemps, ils se déplacent vers le bord de l'eau pour la chasse à la baleine.
Conséquences du déracinement territorial
Les effets indirects du déracinement territorial sont tout aussi important que les effets directs. Effectivement, les changements environnementaux engendrent une perte de connexion avec le territoire ancestral autant au niveau des moyens de subsistance, du savoir-faire traditionnel que de la spiritualité des peuples autochtones. Au sein des générations plus jeunes, on remarque que le déracinement engendre des difficultés de transmissions des savoirs traditionnels étant donné qu’ils ne sont plus exposés directement à leurs terres.
Le rythme des saisons dicte les périodes de chasse et de pêche des peuples autochtones, mais la fragmentation de la glace et les changements dans les chemins migratoires forcent les peuples autochtones à changer leurs habitudes de subsistances et s’adapter aux changements climatiques.
Il y a aussi la possibilité de perte de valeurs culturelles si les connaissances scientifiques sont privilégiées dans le processus de relocalisation plutôt que les connaissances locales et traditionnelles ainsi qu’une perte du pouvoir local sur les prises de décision. (Ford et al., 2015)
Stratégies
Les populations autochtones sont les témoins de premier rang des changements climatiques et ils ont déjà prouvés leur résilience face aux changements climatiques. Il est donc important de tenir en compte de l’intégration des valeurs culturelles autochtones, des connaissances traditionnelles et locales ainsi que la consultation des communautés dans les prises de décisions. Avoir le pouvoir de prendre des décisions face à leur futur permet une meilleure adaptation dans le processus de relocalisation. Dans l’optique de bien faire les choses, il est aussi important d’anticiper et planifier les impacts futurs des changements climatiques et de la relocalisation. (Ford et al., 2015)